Petit, mais costaud... vantait il y a quelques années une publicité pour une marque de bonbons. On pourrait en dire autant du teckel qui, en dépit de sa petite taille, fait preuve d'une surprenante résistance.
Les qualités du teckel
Une promenade de plusieurs heures en plein champ ne lui fait pas peur, pas plus que le pistage de gibiers, fonction originelle pour laquelle le teckel a été selectionné par les éleveurs allemands. La truffe au ras du sol, ce petit chien peut traquer à peu près n'importe quel animal jusqu'à l'acculer dans son terrier (lapins, renards, blaireaux), le faire s'envoler (faisans, perdrix et autres oiseaux aquatiques) ou tenir au ferme (sanglier).
Un chien polyvalent
René DEPOUX a souligné bien souvent la polyvalence du teckel, son point fort : "le même chien est capable de chasser à courre le lièvre ou le chevreuil tout un jour, et de négliger ces odeurs le lendemain pour ne suivre que la trace du sanglier qu'on lui indique." Ce n'est pas pour rien que le club des amateurs de teckels en France suit depuis plusieurs années le modèle allemand qui impose une épreuve de travail pour toute homologation d'un titre de champion.
Je tiens à souligner combien il est important de conserver les qualités d'utilisation du teckel. Elles font partie intégrante de son patrimoine génétique au même titre que sa morphologie si particulière. Là encore, je citerai René DEPOUX : "C'est grâce à ses qualités de chasseur que le teckel a su devenir un tel chien de compagnie. Son tonus et son intelligence, c'est au travail qu'il les doit, et nous perdrions beaucoup à négliger cet aspect de notre race."
Un excellent chasseur
Malgré la réticence de nombreux propriétaires à chasser avec leur petit compagnon jugé à tort trop petit, l'évolution des paysages ruraux et des techniques de chasse en France a profité au teckel. Admirable rabatteur, le teckel sait à merveille pousser le gibier hors des vastes cultures de maïs pour le mettre à la portée de fusil. Il sait ne pas aboyer trop fort sur la voie. "Écologique" en raison de sa petite taille, il se faufile à peu près partout sans causer trop de dégâts. Philippe de Wailly, dans son ouvrage consacré aux teckels, résume en peu de mots les circonstances qui ont fait le succès de teckel :
"L'explosion de l'espèce chevreuil et de sa chasse, dans de petits massifs boisés, allait exiger des chiens criants et peu rapides [...]. Le développement de la race sanglier a également fait beaucoup pour la réputation de nos teckels, qui ont pu faire montre de leur courage et de leur mordant lors des mises au ferme. L'espèce renard, enfin, a consacré l'utilité du teckel, car, n'étant plus piégée, gazée ou empoisonée, elle se développe partout en exerçant une prédation de plus en plus forte sur le petit gibier [...] désormais, les équipages de déterage sont très sollicités. Par ailleurs, onenregistre la création d'équipage de chasse à courre du renard. Pourchassé à cor et à cri par les grands courants, c'est le teckel qui, quand il rentre dans le trou, le relance devant la chasse. Ajoutons que le développement de la chasse au gros gibier (chevreuil, cerfs, etc.) profite également au teckel, capable de piter un animal blessé plusieurs heures après le coup de feu. Notre petit compagnon à quatre pattes se classe alors sans complexe dans la catégorie des chiens de sang."
En resumé
Les qualités du teckel se résument donc en quelques mots : sens olfactif très développé, aptitude à crier sur la voie (la voie est la "piste" tracée par l'animal en fuite, qui laisse derrière lui une odeur), aptitude au dressage, courage et mordant pour acculer les bêtes (renards, blaireaux et autres "puants") et tenir au ferme les bêtes noires (sangliers).A partir de ces aptitudes innées; le teckel, selon sa lignée et sa variété, pourra se distinguer comme chien de terrier (pour débusquer les lièvres et les puants), chien courant (pour la menée, lente, des gros gibiers, qui permet un tir plus sûr et plus sélectif) ou chien de meute.
Parmis les chiens de chasse, le teckel tient donc sa place tout à fait honorablement, surtout s'il y est utilisé sur des terrains plats (la montagne est pour lui est un handicap, vu sa petite taille), qu'ils soient broussailleux ou pas, et pour la chasse au petit et moyen gibier. Je n'irai pas jusqu'à affirmer comme certains que le teckel, qui, en format standard, n'affiche pas plus de 9kg et 37cm de tour de poitrine, est capable de s'attaquer de front à un sanglier sans subir de dégâts. Mais il est certain que son tempérament hargneux, persévérant et rusé le met sur un pied d'égalité avec les retrievers, les bassets, les spaniels ou les fox-terriers. Sans être aussi spécialiste que ses congénères dans le rapport, la menée du gros gibier ou la recherche au sang en haute montagne, le teckel est néanmoins un chien de chasse fort apprécié des chasseurs français qui le recherchent pour sa polyvalence.
Les exercices d'utilité
Pour qu’il devienne un compagnon de chasse performant, le teckel doit évidemment être éduqué. Il faut savoir que les qualités les plus recherchées sont le cri sur la voie sélectionnée par l’épreuve au lièvre (SP) et le mordant, sélectionnée sur le renard (BHFK). Lorsque le chien passe avec succès ces deux épreuves, il est capable de se présenter à l’épreuve sur gros gibier (ST). S’il réussit, il obtient alors le test d’aptitudes naturelles (TAN).
Plusieurs exercices d’utilité (épreuves de chasse sous terre et sur terre) existent en France, régis par la SCC (les épreuves de chasse sous et sur terre ont été mises en place en 1961 ; les règlements ont ensuite été modifiés une première fois en 1977, puis en 1987), qui recoupent les utilisations dont je viens de parler un peu plus haut : l’épreuve au terrier artificiel,l’épreuve au terrier naturel, les épreuves de Menée à voix sur lièvre, l’épreuve de recherche sur piste artificielle, la recherche au sang du grand gibier blessé au naturel, l’épreuve de quête au bois et de dressage et l’épreuve multiple. Pour les teckels nains et kaninchens, il existe en plus des épreuves particulières sur lapins.
Outre qu’ils permettent de mettre en valeur les multiples qualités de votre teckel, ces exercices d’entraînement à la chasse vous serviront à remporter soit le titre de champion de beauté, soit celui de champion de travail. Voici résumés dans le tableau suivant les types d’épreuves, les certificats auxquels elles peuvent aboutir et les qualités du chien qu’elles mettent en évidence. Je reviendrai ensuite sur chaque épreuve pour en décrire exactement l’organisation et la teneur. Tous les types de teckels sont admissibles à ces épreuves, à condition d’être inscrit à un livre d’origine reconnu par la Fédération cynologique internationale (toutefois, pour être admis dans un concours au terrier avec CACIT, les chiens doivent avoir préalablement réussi l’épreuve et obtenu un très bon dans une exposition canine internationale en classe ouverte ou en classe travail) ou à un livre d’attente également reconnu. Les candidats devront avoir satisfait à l’examen de fermeté du coup de feu. (cette épreuve consiste à vérifier que les chiens ne fuient pas lorsqu’un coup de feu est tiré : tenus en laisse, les chiens sont disposés en demi cercle devant le juge. Deux coups de fusil sont tirés à 30 ou 40m ; ceux qui s’échappent ou montrent des signes de frayeur sont éliminés et ne peuvent participer aux épreuves principales.) Pour s’inscrire, il suffit de récupérer les feuilles d’engagement auprès du Club des Amateurs de Teckels ou de ses délégations régionales. Ces feuilles sont à renvoyer 15 jours au plus tard avant les épreuves, accompagnées du règlement des droits d’engagement.
L'épreuve au terrier
Il s’agit là de la principale épreuve pour le teckel qui est avant tout un terrier. Elle se déroule dans un terrier artificiel (voir schéma). Selon le règlement de la SCC, « l’épreuve au terrier artificiel a pour but de constater l’aptitude de mordant, de persévérance, de passion, et une voix sonore et audible dans les conditions de la chasse sous terre ».
Construit avec des caissons aux couvercles facilement amovibles et sans fond, de manière à reposer sur la terre, le terrier artificiel est en long en tout de 35 à 50 m.
Il compte une première galerie de 6m de long, haute de 16 à 18cm, qui débouche dans une maire (espace circulaire ou hexagonal, d’une trentaine de centimètres de rayon). De cet espace partent deux galeries, l’une allant en se rétrécissant avec des dénivelés montants et descendants, l’autre, sans difficultés particulières, rejoignant comme la première une seconde maire. De là, partent encore deux autres maires qui servent d’accul (endroit, comme son nom l’indique, où le gibier et acculé). Le terrier artificiel, qui doit être le plus obscur possible et facile d’accès à toutes les étapes du parcours, a l’allure d’un huit, après la première maire citée.
Le déroulement de l’épreuve est simple. Elle se scinde en deux tests distincts, l’un dit « de passage à vide », l’autre dit de « terrier habité ». Dans le premier cas, un renard est introduit dans le terrier, qu’il parcourt en passant par la galerie descendante. Il est récupéré à la sortie, avant que le chien ne soit à son tour introduit. Pour réussir l’épreuve, le candidat ne doit pas aboyer lorsqu’il inspecte le terrier (les aboiements d’énervement ou des abois dans des passages difficiles ne sont pas éliminatoires).
Dans le second cas, celui de l’épreuve au terrier habité, le renard est introduit dans le terrier où il est bloqué au niveau de la maire n°1. Lorsque le chien est conduit devant l’entrée du terrier, il d oit aboyer. S’il se tait pendant plus de 10 minutes, il est éliminé. Lorsqu’il a aboyé, le chien est introduit dans le terrier. Au préalable, le juge a libéré le renard de la maire n°1 et lui a laissé quelques secondes d’avance. Les 0 minutes qui suivent servent à apprécier la persévérance du chien et la passion qu’il met à poursuivre le renard. Puis au bout de ce laps de temps, le juge crée un accul artificiel, de manière à permettre au chien de faire une prise, tenue au moins 10 secondes.
Il existe une épreuve similaire, dite de terrier naturel, qui se passe dans la nature. Etant donné les conditions souvent changeantes d’un terrier à l’autre, voire même d’un moment à l’autre de la chasse au terrier, cette épreuve ne donne lieu à aucune classification. Seule une appréciation est émise par le Club des Amateurs de Teckels sous forme de BHFN ou BHDN. Ces deux cachets permettent de reconnaître les qualités de mordant, de persévérance, de passion et de voix du chien, attributs tous indispensables pour capturer au terrier un renard ou un blaireau.
L'épreuve de Menée à voix sur lièvre
Dans un champ où la végétation est rase, les chiens sont amenés par leur conducteur et suivent à une certaine distance les juges et leurs aides, placés en avant pour servir de ligne de rabat. Dès qu’un lièvre est levé, le juge le plus proche appelle le conducteur et son chien en leur indiquant l’endroit d’où est parti le lièvre et la direction qu’il a prise. L’épreuve consiste alors pour le chien à suivre la voie, en aboyant d’une voix bien cadencée.
Là encore, il existe une épreuve similaire, appelée « épreuve de menée à voie sur lièvre lâché ». Elle consiste, dans des régions insuffisamment giboyeuses, à lâcher un lièvre à partir de cages munies de portes à guillotine. L’animal doit sortir sans l’aide de l’homme. Comme pour l’épreuve précédente, le chien doit retrouver la trace du lièvre et aboyer méthodiquement.
L'épreuve de quete au bois et de dressage
Les chiens ne sont admissibles à la quête au bois et au dressage qu’à la condition d’avoir réussi la menée à voie sur lièvre. L’épreuve de quête au bois et de dressage, qui se déroule en deux temps, se passe dans un terrain de chasse au bois comportant des fourrés, des taillis sous futaie dense, des repaires à gibier, etc. La première partie, la quête au bois, consiste pour le chien à quêter un gibier dans un territoire donné et à le débusquer de manière à permettre à son maître de le tirer. Pour ce faire, il n’a pas droit à l’aide de son conducteur.
La seconde partie, le dressage, est jugée dans trois disciplines : la conduite, la garde de l’objet et la fermeté au coup de feu ainsi que le comportement au poste du chasseur en battue. Dans la conduite du chien doit suivre son maître au pied, sans jamais le gêner et en évitant de lui-même les obstacles naturels. Il sera attaché en laisse ou laissé libre. Dans la garde de l’objet et la fermeté au coup de feu, le conducteur pose un sac lui appartenant dans un endroit dégagé afin que le juge puisse apprécier le travail. Puis il intime au chien l’ordre de rester couché sans bouger. Lorsque le chien est ne position, le conducteur s’éloigne jusqu’à être hors de la vue du chien. Un aide tire alors deux coups de feu rapprochés. Pour réussir l’épreuve, le chien ne doit pas bouger de sa place, en ayant droit toutefois de lever la tête ou de s’asseoir. Dans le comportement au poste pendant la battue, le chien ne doit pas gêner son maître, posté comme s’il était tireur dans une battue. Il ne doit ni aboyer, ni geindre, encore moins s’écarter du conducteur.
L'épreuve de la recherche au sang sur grand GIBIER BLESSE
Cette épreuve, difficile, s’adresse à des chiens déjà bien entraînés ; Elle consiste pour le chien à retrouver en terrain difficile la trace d’un gibier blessé (type chevreuil, daim, sanglier, ou chamois), 4 heures après le coup de feu. Cette épreuve, par son caractère se déroule dans les conditions d’une chasse réelle, en dehors de la période de la mise bas.
(On peut toutefois organiser des épreuves de recherche sur piste artificielle, qui permettent à des chiens de moins de 12 mois d’y participer. Dans ce cas, le sigle J pour jeune leur est attribué en cas de succès). Lorsqu’elle est réussie, elle donne droit à l’inscription du sigle SCHWHN, attesté par deux témoins dignes de foi.
Elle peut se faire au naturel ou sur trace artificielle. Sur piste artificielle, une piste longue de 1km comportant plusieurs crochets est tracée à l’aide d’un quart de litre de sang de gibier ongulé (si possible). Au point de départ, une petite flaque de sang est mélangée à des poils de l’animal traqué. Au bout de la piste, un ongulé abattu est dissimulé, avec un peu de sang versé dessus. Le chien peut travailler de diverses manières :
- recherche de trait :le chien est tenu en laisse par un trait d’au moins 6m de long. Le conducteur est autorisé à intervenir modérément si le chien semble avoir perdu la piste.
- recherche libre avec retour au maître et signal de réussite de la recherchele chien est préalablement tenu au trait pendant les 2/3 du parcours avant d’être lâché. Le maître doit signaler aux juges la nature du signal que va donner le chien.
- recherche libre avec hurlements à la mort :après les 2/3 du parcours, le chien st libéré. Il doit hurler de façon ininterrompue après la découverte du gibier, jusqu’à l’arrivée de son maître.
L’épreuve au naturel ne s’adresse qu’à des chiens âgés d’un an s’ils possèdent le SCHWHK ou 18 mois s’ils ne l’ont pas. Le chien travaille sur une piste de chevreuil, de daim, de cerf, ou de sanglier vieille de plus de 4 heures.
L'épreuve multiple
Cette épreuve, qui se déroule sur deux jours, regroupe trois épreuves de chasse sur terre : l’épreuve de recherche au sang sur grand gibier sur une piste ne mesurant que 600m ; l’épreuve menée à voix sur lièvre ; l’épreuve de quête au bois et de dressage. Il arrive, de manière facultative, qu’un épreuve supplémentaire dite de « travail à l’eau » soit introduite.
Le chien doit se jeter à l’eau sans réticence et rapporter un canard fraîchement tiré. Le regroupement de ces épreuves permet de valoriser la polyvalence du teckel. L’attribution des points pour l’épreuve multiple fonctionne de la même manière que pour les différentes épreuves isolées. Les chiens qui ont remporté cette épreuve peuvent prétendre à l’inscription du sigle VP sur leur pedigree (VP= vielseitigkeitsprufung bestanden).
Épreuves spécifiques aux Kaninchens
Les kaninchens peuvent participer à toutes les épreuves prévues pour les teckels standard. Seule spécificité : deux épreuves au terrier artificiel et naturel leur sont réservées. La première consiste à traîner sur une longueur approximative de 250m un lapin de garenne fraîchement tué, qui est ensuite enterré à environ 1,50m de distance de l’entrée d’un terrier.
Le candidat doit suivre la piste, qui comporte au moins un crochet, pendant 200m, puis une fois lâché, il doit déterrer le lapin. La seconde épreuve est identique, à ceci près qu’elle se déroule qu cours d’une chasse normale, en présence de deux juges. S’il réussit, le chien peut se voir attribuer le sigle KSPRN (kaninchen sprenger natur ).